un article du Monde sur l’alcool au volant

Ben on fera gaffe a nous quand on traversera la route en Irlande!! En Suede le taux limite est a 0.2 g/L.

Bonne lecture!

Un téléphone qui sonne, et toute une vie qui s’écroule. En mettant en scène des personnes effondrées après avoir reçu un appel leur annonçant la mort d’un proche, les nouveaux spots télévisés de la Sécurité routière rappellent que les drames de la circulation, cela n’arrive pas qu’aux autres.

Lancée mercredi 7 mai, cette énième campagne de sensibilisation insiste sur le bilan quotidien des accidents de la route : entre 12 et 13 morts et 3 000 blessés en moyenne en 2007. Malgré la multiplication des radars, malgré le durcissement des sanctions, l’objectif affiché par le gouvernement de passer sous le seuil des 3 000 décès par an est loin d’être atteint. En 2007, la route a tué 4 615 personnes, soit une baisse de 2 % par rapport à 2006. Le nombre de blessés, lui, a augmenté de 2,4 %, pour atteindre 104 601.

Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui resteront handicapés à vie. Selon un bilan inédit de la morbidité routière, publié mardi 6 mai dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), les accidents de la circulation font autant de blessés “avec des séquelles majeures” que de tués. Ce résultat, qui n’apparaissait pas jusqu’à présent dans les chiffres officiels, a été établi par une équipe de chercheurs lyonnais (université Lyon-I, Inrets, Institut national de veille sanitaire) à partir du registre médical des victimes d’accidents de la route du département du Rhône.

JEUNES ET DEUX-ROUES

“Les blessés sont recensés par les forces de l’ordre mais, contrairement aux tués, leur dénombrement est incomplet et biaisé”, expliquent les chercheurs. Un travail de modélisation, couplant les données du registre médical à celles fournies par les forces de l’ordre, a permis de dresser une estimation nationale.

Résultat : sur la période 1996-2004, le nombre annuel moyen de blessés atteint 514 300, dont 137 000 hospitalisés, 60 800 blessés graves et 7 479 avec des séquelles majeures, soit quasiment autant que de tués (7 344 par an en moyenne entre 1996 et 2004). Parmi ces milliers de personnes qui deviennent chaque année lourdement handicapées, 3 993 ont été atteintes à la tête, 1 145 à la colonne vertébrale et 1 821 aux membres inférieurs. L’incidence des blessés touche surtout les hommes (1 160 pour 100 000 contre 596 pour 100 000 chez les femmes), les jeunes âgés de 15 à 29 ans et les usagers de deux-roues motorisés.

Si, entre 1996 et 2004, le nombre de blessés (toutes gravités confondues) a diminué, “cette baisse est bien moindre pour les deux-roues, souligne l’étude. Cela peut s’expliquer par la quasi-absence de baisse de vitesse chez ces conducteurs et par l’augmentation de l’usage de deux-roues”.

Alors que les motos et autres scooters représentent 1 % des distances parcourues (contre 74 % pour les automobilistes), “le nombre de blessés graves parmi les usagers de deux-roues rejoint, à la fin de la période d’étude, le nombre de blessés graves chez les automobilistes”, relèvent les chercheurs. Un résultat qui n’était jusqu’alors “pas visible” à partir des données des forces de l’ordre.

En France, le vieux slogan “boire ou conduire, il faut choisir” est plus que jamais d’actualité. L’alcool est redevenu la cause principale d’accidents mortels, devant la vitesse. Selon les chiffres de la Sécurité routière, l’alcool a été à l’origine, en 2006, de près de 30 % des accidents mortels. Dans 85 % des cas, les responsables étaient des buveurs occasionnels. Une fête de famille, un repas entre amis un peu arrosé, et le drame peut survenir, presque essentiellement provoqué par un conducteur de sexe masculin (91,4 %).

Les responsables politiques ont pris quelques mesures afin de lutter plus efficacement contre ce fléau : confiscation du véhicule en cas de conduite en état d’ivresse, interdiction de vente de boissons alcoolisées dans les stations-service, obligation pour les discothèques de s’équiper en éthylotests électroniques.

Même à faibles doses, l’alcool agit directement sur le cerveau. Des perturbations interviennent dès 0,3 g/l, mais deviennent plus sensibles à partir de 0,5 g/l. Champ visuel modifié, vigilance diminuée, coordination des mouvements perturbée, les symptômes sont connus.

Lors des accidents corporels, les taux d’alcoolémie constatés dépassent largement le seuil autorisé. Par rapport à 2005 (1,64 g/l), l’alcoolémie moyenne constatée en 2006 est en augmentation et se situe à 1,65 g/l, soit trois fois le taux autorisé. 30 % des conducteurs impliqués dans des accidents conduisaient avec une alcoolémie supérieure à 2 g/l.

Un seuil d’alcoolémie variable en Europe

En France, le seuil d’alcoolémie autorisé est fixé, depuis 1995, à 0,5 gramme d’alcool par litre de sang. Le Conseil national de sécurité routière (CNSR), organisme consultatif, préconise d’abaisser ce taux à 0,2 g/l. Une mesure fortement encouragée par la Commission européenne, qui aimerait voir tous les pays européens passer à ce taux à compter de 2010.

Actuellement, il existe des pays à tolérance zéro (Hongrie, République tchèque, Estonie, Slovaquie) et d’autres qui acceptent jusqu’à 0,8 g/l (Irlande, Royaume-Uni, Luxembourg, Malte). La limite choisie par la France et une majorité de pays européens équivaut à deux verres.

Sandrine Blanchard et Alain Constant

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